Colloque 2023
Du 27 au 30 mai

Université York, Toronto, Ontario, Canada
Campus Keele et Glendon
Appel à propositions de communications

Atelier 8
Mondes postapocalyptiques

Responsables d’atelier :
Jeri English, Department of Language Studies, University of Toronto Scarborough, jeri.english@utoronto.ca.
Pascal Riendeau, Department of Language Studies, University of Toronto Scarborough, pascal.riendeau@utoronto.ca

Un parcours de la littérature publiée depuis le début du 21e siècle confirme que le courant postapocalyptique constitue bien un phénomène mondial loin de vouloir ralentir (voir Nikou, 2022). Le cinéma n’est pas en reste; les séries télévisuelles non plus. Les œuvres d’auteurs, d’autrices et de cinéastes d’horizons variés qui écrivent et représentent la fin – surtout les désastres et autres catastrophes – abondent depuis deux décennies et se multiplient depuis le début de la pandémie. Précisons que l’expression « mondes postapocalyptiques » représente ici un moyen commun permettant de regrouper des œuvres qui montrent, décrivent et racontent la vie après une catastrophe, voire après une véritable apocalypse. La teneur de ces mondes postapocalyptiques ou « postcatastrophiques » varie beaucoup, mais ils misent souvent sur l’anticipation et s’inscrivent parfois de manière beaucoup plus évidente dans un univers de science-fiction. Dans Fabuler la fin du monde, Jean-Paul Engélibert affirme que la « prolifération actuelle […] s’articule à un discours savant qui, pour la première fois, prend acte de la possibilité effective de la fin du monde » (2019 :10).

Cet atelier cherche à explorer toutes les formes de mondes ou fictions postapocalyptiques en langue française (romans, récits, bandes dessinées, théâtre, films, séries télévisées), mais aussi les discours historiques, sociologiques et littéraires qui les accompagnent. En ce sens, il semble pertinent de s’intéresser ici au catastrophisme, ancienne théorie réactualisée, car « le catastrophisme a [désormais] partie liée avec l’écologie et la menace de catastrophes entraînées par l’action irresponsable des sociétés développées » (Walter, 2008 : 11). Les univers postapocalyptiques existent justement pour montrer la vie après : ce qui reste, ce qui est possible (ou non). L’accent de l’atelier est placé sur la production contemporaine, mais sans exclure l’étude de textes d’époques antérieures qui nous aident à mieux comprendre notre présent. Par exemple, la stérilité et la fin de la race humaine s’avèrent une préoccupation majeure dès Le dernier homme de Jean-Baptiste Cousin de Grainville (1805), premier texte moderne de fiction spéculative ; des échos de cette angoisse se trouvent aujourd’hui dans les univers cinématographiques et télévisuels et dans la littérature. Il en est de même pour le court-métrage expérimental de Chris Marker, La jetée (1962), qui met en scène la destruction de la terre causée par la Troisième Guerre mondiale. Par la suite, nombreux sont les textes, les bandes dessinées et les œuvres télévisuelles qui s’engagent dans une réflexion sur l’annihilation de la planète.

Dans la littérature contemporaine, l’apocalypse est rarement présentée comme une situation menant à la possibilité d’un nouveau royaume (Engélibert, 2013). Il s’agit peut-être davantage, pour reprendre Catherine Coquio, de voir « ce que chacun, face à l’idée de fin du monde ou à la fin effective d’un monde, entreprend de “sauver” et de penser du monde à venir » (2018 : 15). Les fictions postapocalyptiques (ou « postcatastrophiques ») récentes en français offrent un éventail de possibilités considérables pour illustrer les mondes qui pourraient encore exister après ce qui s’apparente à une véritable fin. Du côté de la France et de l’Europe francophone, depuis Moi qui n’ai pas connu les hommes (1995) de Jacqueline Harpman, un grand nombre de romans marquants s’inscrivant dans un univers semblable ont paru. Pensons à Des anges mineurs d’Antoine Volodine (1999), Le goût de l’immortalité (2005) de Catherine Dufour, Le dernier monde (2007) ou Le grand jeu (2016) de Céline Minard, ou encore Après le monde d’Antoinette Rychner (2020). Au sein du corpus québécois, la littérature postapocalyptique a explosé depuis une quinzaine d’années. On peut mentionner : Le roi des rats (2015) de Joël Casséus, Le poids de la neige de Christian Guay-Poliquin (2016), Figurine (2019) d’Annie Goulet, Aquariums de J. D. Kurtness (2019) ou Après de Jean-Pierre Charland (2021). Enfin, les films et téléséries produits en français – scénarios originaux et adaptations – qui représentent la fin témoignent également de l’importance de ce thème dans tous les médias. Citons, entre autres, Malevil (Christian de Chalonge 1981), adapté du roman homonyme (1972) de Robert Merle; Le dernier combat (Luc Besson 1982); Delicatessen (Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet 1991); Le Temps du loup (Michael Haneke 2003), adapté de la trilogie Pièces de guerre (1983–1985) du dramaturge anglais Edward Bond; La possibilité d’une île (Michel Houellebecq 2008), adaptation par l’auteur de son propre roman (2005); Snowpiercer (Bong Joon-ho 2013), inspiré de la BD Le transperceneige (Jacques Lob et Jean-Marc Rochette 1982–1983); Feuilles d’automne (Édouard A. Tremblay, Steve Landry et Thierry Bouffard 2016); Les affamés (Robin Aubert 2017); et Jusqu’au déclin (Patrice Laliberté 2020).

Les propositions de communication peuvent être conçues à partir de problématiques ou de thèmes très variés qui visent des analyses de textes singuliers ou des études comparatives. Parmi les pistes de réflexion possibles, nous pouvons suggérer les axes suivants : le confinement, la route, la quête, l’anticipation, le présentisme, l’écologie, l’anthropocène, la religion, l’effondrement civilisationnel, la chute du patriarcat, les univers autochtones ou le posthumain.

Bibliographie
COQUIO, et al. (dir.) (2018), L’apocalypse : une imagination politique, La licorne no 129/Presses Universitaires de Rennes.
DE CRISTOFARO, Diletta (2019), The Contemporary Post-Apocalyptic Novel: Critical Temporalities and the End Times, Londres, Bloomsbury Publishing.
ENGÉLIBERT, Jean-Paul (2013), Apocalypses sans royaume. Politique des fictions de la fin du monde, XXe-XXIe siècles, Paris, Classiques Garnier.
ENGÉLIBERT, Jean-Paul (2019), Fabuler la fin du monde, Paris, Autrement.
FŒSSEL, Michaël (2012), Après la fin du monde. Critique de la raison apocalyptique, Paris, Seuil.
HARTOG, François (2012), Régimes d’historicité. Présentisme et expériences du temps, Paris, Seuil.
HICKS Heather J. (2016), The Post-Apocalyptic Novel in the Twenty-First Century: Modernity beyond Salvage. New York, Palgrave Macmillan.
NIKOU, Christos (dir.) (2022), Imaginaires postapocalyptiques. Comment penser l’après, Grenoble, UGA Éditions.
PAIK Peter (2010), From Utopia to Apocalypse: Science Fiction and the Politics of Catastrophe, Minneapolis, University of Minnesota Press.
WALTER, François (2008), Catastrophes. Une histoire culturelle. XVIe-XXIe siècle, Paris, Seuil.

Date limite pour l’envoi des propositions (titre, résumé de 250-300 mots, adresse, affiliation et notice bio-bibliographique de 150 mots) à pascal.riendeau@utoronto.ca et jeri.english@utoronto.ca : le 15 décembre 2022.

Le colloque annuel 2023 de l’APFUCC sera en personne (à moins que la situation sanitaire ne le permette pas) avec, possiblement, quelques activités ou interventions en ligne (nous communiquerons à ce sujet plus tard). Il se tiendra dans le cadre du Congrès annuel de la Fédération des sciences humaines du Canada.

Les personnes ayant soumis une proposition de communication recevront un message des personnes responsables de l’atelier avant le 15 janvier 2023 les informant de leur décision.L’adhésion à l’APFUCC est requise pour participer au colloque. Il faut également régler les frais de participation au Congrès des Sciences humaines ainsi que les frais de conférence de l’APFUCC.

De plus amples informations vous seront envoyées à ce sujet. Vous ne pouvez soumettre qu’une seule proposition de communication, présentée en français (la langue officielle de l’APFUCC), pour le colloque 2023.

 

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