CFP: Cultural Transfers: Hollywood-Quebec
APPEL À CONTRIBUTIONS: Nouvelles Vues : revue sur les pratiques, les théories et l’histoire du cinéma au Québec
« TRANSFERTS CULTURELS : HOLLYWOOD-QUÉBEC » (NO 25, AUTOMNE 2024)
Dossier sous la direction de Thomas Carrier-Lafleur (Université de Montréal) et Baptiste Creps (Université de Montréal)
Dans son essai Le roman sans aventure (2015), Isabelle Daunais relève une opposition entre le rayonnement international des arts du spectacle québécois et celui, moindre, des arts de la province dits « majeurs » :
L’un des traits les plus frappants de la production artistique québécoise, mais sur lequel, curieusement, personne ne s’est jamais penché́, est la distinction très nette que connaissent dans leur rayonnement les arts « majeurs » que sont la littérature, la peinture, la musique, l’architecture, la philosophie d’un côté, et, de l’autre, les arts du spectacle que sont la chanson, le cirque, la scénographie. Alors que les productions des arts du spectacle circulent avec succès sur toutes les scènes de la planète et qu’elles sont reconnues comme parfaitement en phase avec leur domaine (si elles n’en sont pas les modèles), les œuvres des arts majeurs ne sont pratiquement d’aucune incidence, ne sont considérées importantes ou marquantes par personne au sein de ce qu’on peut appeler avec Milan Kundera le « grand contexte » ou le contexte supranational de ces arts1.
Ce constat, que d’aucuns pourraient juger polémique, souligne avec justesse l’éclat moderne du monde du spectacle québécois. Il encourage également à interroger la vitalité et l’impact de l’un de ces arts dits « majeurs », d’abord au Québec, mais aussi et surtout à l’étranger, soit celui du cinéma québécois contemporain.
Dans un article intitulé « Le “renouveau” du cinéma québécois » (2005), Christian Poirier se prêtait déjà à cet exercice et mettait en exergue le caractère inédit du succès international critique, public et académique du cinéma québécois du début des années 2000 tel qu’incarné par des figures comme Denys Arcand, Charles Binamé, Louis Bélanger ou Jean-François Pouliot2. Dans un texte publié en 2010 aux Cahiers du cinéma, Jean-Pierre Sirois-Trahan estimait quant à lui que, après des années de disette, le cinéma québécois retrouvait enfin l’estime internationale qu’il avait perdue depuis près de quarante ans grâce à une nouvelle génération de cinéastes :
Avec le succès de Xavier Dolan à Cannes et celui de Denis Côté à Locarno, c’est toute une génération de cinéastes qui arrivent en pleine lumière. À ces fortes têtes, il faut ajouter Maxime Giroux, Sophie Deraspe, Myriam Verreault, Henry Bernadet, Stéphane Lafleur et Rafaël Ouellet. Sur la scène internationale où ils cumulent les prix, on n’avait pas vu pareille éclosion depuis la génération des années [19]60 (Claude Jutra, Gilles Groulx, Michel Brault, Jean Pierre Lefebvre et Gilles Carle, génération injustement reléguée aux oubliettes des « cinémas nationaux »)3
En 2011, lors d’une table ronde réunissant des critiques et des universitaires, on tenta alors de définir la « nouvelle vague » de cinéastes désignée par Sirois-Trahan. Côté et Dolan furent à nouveau mentionnés à titre de figure de proue aux côtés d’un troisième cinéaste, dont le style cinématographique est pourtant éloigné des leurs : « Cette réputation grandissante de notre cinéma, si elle découle de la belle réception qu’ont eue de nombreuses œuvres, demeure pour l’instant fondée sur les succès inédits de Xavier Dolan et de Denis Côté, auxquels il faut désormais ajouter Denis Villeneuve, cinéastes de trois générations différentes, aux méthodes et
aux sensibilités aussi très différentes4. »
Aujourd’hui, il y a fort à parier qu’un examen, même rapide, de la situation permettrait de confirmer que les hypothèses de « renouveau » ou de « Nouvelle Vague » du cinéma québécois qui taraudaient les critiques et les universitaires à la fin des années 2000 étaient fondées. Au cours de la décennie 2010, le cinéma québécois a séduit hors de ses frontières comme rarement auparavant. Des cinéastes tels que ceux cités préalablement, auxquels s’ajoutent, entre autres, Philippe Falardeau, Ken Scott, Kim Nguyen ou Jean-Marc Vallée, ont rencontré un succès international plus important encore que celui de leurs prédécesseurs et attiré l’attention de l’ogre hollywoodien. Les cinéastes québécois, reconnus pour leurs projets intimistes, de cinéma de genre, de cinéma à grand spectacle aussi bien que pour leurs séries télévisées, semblent désormais être au cœur de la mode hollywoodienne.
C’est sans doute le succès international et académique d’Incendies (Denis Villeneuve, 2010) qui a ouvert la porte d’Hollywood à cette génération de cinéastes, avant le Monsieur Lazhar de Philippe Falardeau sorti un an plus tard. Tandis que les films de ces artistes sont régulièrement distingués aux Oscars et aux Golden Globes, la Hollywood Critics Association a élu Denis Villeneuve « cinéaste de la décennie » et salué ses films Prisoners (2013), Sicario (2015), Arrival (2016) et Blade Runner 2049 (2017), qui sont autant de succès hollywoodiens. Un cinéaste comme Jean-Marc Vallée imprime quant à lui son style aussi bien au cinéma, avec des films comme The Young Victoria (2009), Dallas Buyers Club (2013), Wild (2014) ou Demolition (2015), qu’à la télévision, avec les séries de la chaîne HBO Big Little Lies (2017) et Sharp Objects (2018). Comme c’est le cas pour Villeneuve, le style visuel du cinéaste influe sur ses productions et s’impose comme un modèle pour le grand contexte hollywoodien5. Autre point commun entre ces deux cinéastes : ils ont tous les deux la capacité de tourner des productions dont le cachet artistique subjugue et qui paraissent grandioses avec, souvent, un budget assez faible pour la norme hollywoodienne, ce qui est généralement vrai, aussi, pour l’ensemble de la génération de cinéastes adulés à l’international dont nous venons de définir les contours.
Cet engouement d’Hollywood pour le cinéma québécois est-il propre à la période qui s’ouvre à la fin des années 2000 ? Pour répondre à cette question, il paraît nécessaire d’étudier plus en profondeur l’histoire du rapport entre l’univers hollywoodien et la sphère artistique québécoise. Hollywood attire aujourd’hui de nombreux talents québécois au sein de son industrie. En témoigne, outre les cas des cinéastes nommés précédemment, la migration de talents aussi diversifiés que ceux du chef décorateur Patrice Vermette, de la costumière Renée April, de la coloriste Maxine Gervais, du réalisateur et cadreur Stephen Campanelli, du directeur de la photographie Yves Bélanger, du producteur Roger Frappier ou encore de l’actrice Sophie Nélisse. Si l’ampleur actuelle de ce mouvement vers « Tinseltown » semble assez inédite, le départ d’artistes québécois vers Hollywood n’est pas pour autant une nouveauté et trouve de nombreux précédents. Citons par exemple le cas du réalisateur Mack Sennett, un Québécois de naissance qui déménagea à Hollywood tout en conservant des attaches familiales au Québec après y avoir passé l’essentiel de sa jeunesse. Il en va de même pour deux autres talents de l’ère muette et de l’âge d’or d’Hollywood, l’actrice Norma Shearer et son frère Douglas, un célèbre spécialiste des effets spéciaux et de la recherche sonore ayant notamment œuvré une grande partie de sa carrière à la Metro-Goldwyn-Mayer (MGM). Les Shearer firent en effet la transition Montréal-Hollywood (avec une escale à New York pour Norma). Pauline Garon, Geneviève Bujold, Suzanne Cloutier, Fifi D’Orsay sont autant d’actrices québécoises qui traversèrent, non sans succès, l’histoire hollywoodienne. Du côté des acteurs, le Québécois francophone Henri Letondal y rencontra le succès et le Québécois anglophone Glenn Ford devint une star notoire du cinéma hollywoodien classique. C’est dire l’influence durable de certains artistes du Québec sur l’industrie hollywoodienne.
Est-il possible, dès lors, d’établir une généalogie du phénomène québécois à Hollywood, des balbutiements de la « Mecque du cinéma » jusqu’au rayonnement des artistes contemporains ? Et que dire de l’attrait exercé par le Québec sur le cinéma hollywoodien6, par exemple dans un film comme Agnès de Dieu (Norman Jewison, 1985), dans lequel Jane Fonda enquête à Montréal au sein du couvent des Petites Sœurs de Marie Madeleine ? Les films américains qui développent leur intrigue au Québec ou qui permettent la rencontre entre stars hollywoodiennes et acteurs.trices québécois.e.s sur les écrans témoignent d’un fort intérêt pour la province qui mérite, lui aussi, d’être mis en perspective. Ainsi, bien que l’ère moderne nous incite à nous pencher de prime abord sur le phénomène québécois à Hollywood, il nous semble pertinent de vouloir dresser une généalogie des transferts culturels entre Hollywood et le Québec.
À cet égard, Nouvelles Vues sollicite pour son numéro thématique « Transferts culturels : Hollywood-Québec » des articles traitant des thématiques évoquées précédemment. Toute proposition qui pourrait offrir de nouvelles perspectives sur les collaborations québéco-hollywoodiennes est également encouragée. Les propositions pourraient traiter plus spécifiquement :
- des artistes québécois œuvrant à Hollywood ;
- des artistes américains ayant œuvré au Québec ;
- des films québécois traitant d’Hollywood ;
- des films hollywoodiens embrassant une thématique québécoise ;
- de l’histoire des collaborations québéco-hollywoodiennes.
Les propositions d’article devront contenir un titre, une brève notice biobibliographique, de même qu’un résumé d’un maximum de 500 mots. Ce résumé devra circonscrire un corpus et mettre en avant une hypothèse de travail suivant l’un des angles ou sujets mentionnés. Le tout devra être envoyé aux trois adresses suivantes : nouvellesvues.qc@gmail.com, thomas.carrier-lafleur@umontreal.ca et baptiste.creps@umontreal.ca au plus tard le 2 octobre 2023. Les auteurs.trices des propositions retenues seront invité.e.s à soumettre un article rédigé en français
ou en anglais et comportant entre 45 000 et 60 000 caractères, espaces comprises, au plus tard le 1er mars 2024. Les articles seront soumis à un processus d’évaluation par les pairs en double aveugle et leur publication sera conditionnelle à leur acceptation par au moins deux évaluations.
Notices biobibliographiques
Baptiste Creps est chercheur postdoctoral à l’Université de Montréal. Il est notamment spécialisé dans l’histoire des formes hollywoodiennes. Il est l’auteur d’une thèse intitulée Naissance d’un néoclassicisme hollywoodien (2021) et d’articles scientifiques qui sont les résultats de recherches transversales entre le cinéma, l’histoire de l’art, la musique, l’histoire du jeu vidéo et celle des nouvelles technologies. Il œuvre actuellement à la rédaction d’un ouvrage consacré au cinéaste Jean-Marc Vallée dont il est le co-auteur avec Thomas Carrier-Lafleur.
Thomas Carrier-Lafleur est chargé de cours à l’Université Concordia et à l’Université de Montréal, où il occupe aussi le poste de directeur adjoint du Laboratoire CinéMédias. Dans une perspective intermédiale qui étudie les processus de transposition écranique des textes littéraires, ses recherches portent sur les littératures française et québécoise ainsi que sur le cinéma québécois. Il est notamment l’auteur de Voir disparaître : une lecture du cinéma de Sébastien Pilote (L’Instant même, 2021) ; Projections croisées : dialogues sur la littérature, le cinéma et la création avec Andrée A. Michaud et Simon Dumas (Figura, 2021) ; Il s’est écarté : enquête sur la mort de François Paradis (Nota bene, 2019 ; avec David Bélanger) ; et de L’œil cinématographique de Proust (Classiques Garnier, 2016). Il est également codirecteur de Nouvelles Vues : revue sur les pratiques, les théories et l’histoire du cinéma au Québec.
Site Web de la revue : https://nouvellesvues.org/.
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1 Isabelle Daunais, Le roman sans aventure (Montréal : Les Éditions du Boréal, 2015) : 7.
2 Christian Poirier, « Le “renouveau” du cinéma québécois », Cités 23.3 (2005) : 165-182.
3 Jean-Pierre Sirois-Trahan, « La mouvée et son dehors : renouveau du cinéma québécois », Cahiers du cinéma, no 660 (octobre 2010) : 76.
4 Martin Bilodeau, Bruno Dequen, Philippe Gajan, Germain Lacasse, Sylvain Lavallée, Marie-Claude Loiselle et Jean-Pierre Sirois-Trahan, « Table ronde : le renouveau du cinéma d’auteur québécois », 24 images no 152 (2011) : 14-22.
5 Lorsque la cinéaste britannique Andrea Arnold reprit la réalisation des épisodes de la deuxième saison de Big Little Lies, cette influence eut des conséquences néfastes sur la liberté artistique de la réalisatrice. Les producteurs de la série n’hésitèrent pas à court-circuiter le style d’Arnold en postproduction afin d’imiter l’esthétique et le montage que Vallée avait mis au point pour la première saison, ce qui suscita un vent de mécontentement dans la communauté cinématographique. Le mot-clic « #ReleaseTheArnoldCut » mit au jour l’injustice, genrée ou simplement opposée au principe de liberté artistique, subie par la cinéaste britannique. Au sujet de cette controverse, voir Aisha Victoria Deeb, « #ReleaseTheArnoldCut is trending after female Director of Big Little Lies was sidelined », Mashable (15 juillet 2019), https://me.mashable.com/culture/6102/releasethearnoldcut-is-trending-after-female-director-of-big-little-lies-was-sidelined.
6 Le numéro « Cinéma québécois et États-Unis » (1997) de la revue Cinémas, qui portait sur l’histoire des liens entre le cinéma québécois et les États-Unis, a déjà quelque peu déblayé cette question. Voir Louise Carrière (dir.), « Cinéma québécois et États-Unis », Cinémas 7.3 (1997), https://www.erudit.org/fr/revues/cine/1997-v7-n3-cine1500366/ (consulté le 25 octobre 2022).
CALL FOR SUBMISSIONS: Nouvelles Vues: revue sur les pratiques, les théories et l’histoire du cinéma au Québec
“CULTURAL TRANSFERS: HOLLYWOOD-QUEBEC” (NO. 25, FALL 2024)
Special issue edited by Thomas Carrier-Lafleur (Université de Montréal) and Baptiste Creps (Université de Montréal)
In her essay Le roman sans aventure (“The Novel without Adventure,” 2015), Isabelle Daunais notes the contrast between the international visibility of Quebec performing arts and the lesser visibility of the province’s so-called “major” art forms:
One of the most striking features of Quebec’s artistic production, about which, curiously, no one has ever written, is the very clear difference apparent in the visibility of the “major” arts – literature, painting, music, architecture and philosophy – on the one hand, and the performing arts – popular song, the circus, set design – on the other. While performing arts productions appear successfully on every stage on the planet and are recognized as completely in tune with their field (when they are not seen as models), works in the major arts have practically no impact and are not seen as important or noteworthy by anyone in what Milan Kundera called the “great context,” or the supranational context of these arts.1
This observation, which some might see as polemical, aptly highlights the modern-day lustre of Quebec’s performing arts. It also encourages us to think about the vitality and impact of one of these so-called “major” arts, first of all within Quebec but also and especially abroad: contemporary Quebec cinema.
In an article entitled “Le ‘renouveau’ du cinéma québécois” (“The ‘Renewal’ of Quebec Cinema,” 2015), Christian Poirier already took up this exercise and highlighted the unusual nature of the critical, public and academic success of Quebec cinema in the early 2000s, as seen in the work of figures such as Denys Arcand, Charles Binamé, Louis Bélanger and Jean-François Pouliot.2 In a text published in Cahiers du cinéma in 2010, Jean-Pierre Sirois-Trahan, for his part, estimated that after years of famine, Quebec cinema, thanks to a new generation of filmmakers, was finally recovering the international favour it had lost for nearly forty years:
With the success of Xavier Dolan at Cannes and that of Denis Côté in Locarno, a whole generation of filmmakers is coming into focus. Alongside these strong-minded figures we must add Maxime Giroux, Sophie Deraspe, Myriam Verreault, Henry Bernadet, Stéphane Lafleur and Rafaël Ouellet. Internationally, where their awards pile up, we have not seen such a blossoming since the 60s (Claude Jutra, Gilles Groulx, Michel Brault, Jean Pierre Lefebvre and Gilles Carle, a generation unjustly relegated to the obscurity of “national cinemas”).3
In a panel discussion in 2011, film critics and professors tried to define this “new wave” of filmmakers described by Sirois-Trahan. Côté and Dolan were mentioned again as this wave’s leading lights, alongside a third filmmaker whose style is nevertheless far removed from theirs: “This growing reputation of our cinema, while it derives from the fine reception many films have had, remains for the moment based on the hitherto unseen success of Xavier Dolan and Denis Côté, to whose names we must now add that of Denis Villeneuve: three different generations of filmmakers whose methods and sensibilities are also very dissimilar.”4
Today, it is highly like that even a quick analysis of the situation would confirm that the hypotheses around the “renewal” and “New Wave” of Quebec cinema which were on the minds of film critics and professors in the late 2000s were well-founded. In the 2010s, Quebec cinema charmed audiences beyond its borders as it had rarely done before. Filmmakers including those mentioned above, to whom must be added, among others, Philippe Falardeau, Ken Scott, Kim Nguyen and Jean-Marc Vallée, met with even greater international success than that of their predecessors, drawing the attention of the Hollywood ogre. Quebec filmmakers, known for their intimist projects, genre films and spectacular cinema, and just as much for their television series, now appeared to be at the centre of Hollywood fashion.
No doubt the international and academic success of Incendies (Denis Villeneuve, 2010) opened the door to Hollywood for this generation of filmmakers, before Philippe Falardeau’s Monsieur Lazhar, released a year later. Films by these artists are regularly honoured at the Oscars and the Golden Globes, while the Hollywood Critics Association named Denis Villeneuve “filmmaker of the decade” and paid tribute to his films Prisoners (2013), Sicario (2015), Arrival (2016) and Blade Runner 2049 (2017), each a Hollywood success. A filmmaker like Jean-Marc Vallée, for his part, stamps his style on his cinema, with films such as The Young Victoria (2009), Dallas Buyers Club (2013), Wild (2014) and Demolition (2015), and on his work in television, with the HBO series Big Little Lies (2017) and Sharp Objects (2018). As with Villeneuve, Vallée’s style imbues his work and established itself as a model for the broad Hollywood context.5 Another point in common between these two filmmakers: they both have the ability to make films whose artistic stamp dominates and which have a spectacular quality, often with a fairly small budget by Hollywood standards. This is generally true for every one of the filmmakers in this internationally-lionized generation whose contours we have just outlined.
Was this infatuation with Quebec cinema on the part of Hollywood limited to the period beginning in the late 2000s? To answer this question, it would appear to be necessary to study in greater depth the history of the relations between the world of Hollywood and the artistic sphere in Quebec. Today Hollywood has attracted numerous Quebec talents to its industry. This can be seen, apart from those filmmakers already mentioned, in the migration of talented people as diverse as the production designer Patrice Vermette, the costume designer Renée April, the colourist Maxine Gervais, the director and camera operator Stephen Campanelli, the director of photography Yves Bélanger, the producer Roger Frappier and the actress Sophie Nélisse. While today the extent of this movement to “Tinseltown” is unlike anything seen before, artists leaving Quebec for Hollywood is nothing new and in fact has numerous precedents. We could mention, for example, the case of the director Mack Sennett, who was born in Quebec and moved to Hollywood, yet preserved family ties in Quebec after spending most of his youth in the province. The same is true of two other Hollywood silent-era and golden-age talents, the actress Norma Shearer and her brother Douglas, a famous specialist in special effects and audio research who spent a large part of his career with Metro-Goldwyn-Mayer (MGM). The Shearer siblings made the Montreal-Hollywood transition after a period of time in New York for Norma. Pauline Garon, Geneviève Bujold, Suzanne Cloutier and Fifi D’Orsay are some of the other Quebec actresses who, not without success, can be found throughout the history of Hollywood. In the case of actors, the French-speaking Quebecer Henri Letondal achieved success there, while the English-speaking Quebecer Glenn Ford became a famous star in classical Hollywood cinema. This gives an idea of the lasting influence of Quebec artists on the Hollywood film industry.
Is it possible, then, to establish a genealogy of the phenomenon of Quebec artists in Hollywood, from the early years of it being the “Mecca of the movies” to today’s high-profile artists? And what can be said about the appeal of Quebec for Hollywood cinema,6 in a film such as Agnes of God (Norman Jewison, 1985), for example, in which Jane Fonda carries out an investigation in the Petites Soeurs de Marie Madeleine convent in Montreal? American films which situate their stories in Quebec, or which make possible screen encounters between Hollywood stars and Quebec actors and actresses, illustrate audiences’ strong interest in the province, which also deserves to be put into perspective. Thus while our modern age leads us to examine above all the phenomenon of Quebec in Hollywood, it seems to us to be relevant to draw up a genealogy of cultural transfers between Hollywood and Quebec.
In this respect, for its thematic issue “Cultural Transfers: Hollywood-Quebec,” Nouvelles vues is inviting submissions which address the topics raised above. Every proposal offering new perspectives on Quebec-Hollywood collaborations is also encouraged. More specifically, proposals may address:
- Quebec artists working in Hollywood;
- American artists who have worked in Quebec;
- Quebec films with Hollywood as their topic;
- Hollywood films which have a Quebec theme;
- the history of Quebec-Hollywood collaboration.
Proposals for articles must contain a title, a brief bio-bibliographical note on the author, and a synopsis of no more than 500 words. This synopsis must delineate a body of work and advance a working hypothesis which addresses one of the approaches or topics mentioned. These materials should be sent to the three following addresses: nouvellesvues.qc@gmail.com, thomas.carrier-lafleur@umontreal.ca and baptiste.creps@umontreal.ca no later than 2 October 2023. The authors of accepted proposals will be invited to submit an article in English or French of between 45,000 and 60,000 characters, spaces included, no later than 1 March 2024. Articles will be submitted to a double-blind peer-review process and their publication will be conditional on being accepted by at least two evaluations.
Bio-bibliographic Notes
Baptiste Creps is a post-doctoral researcher at the Université de Montréal specialising in the history of Hollywood film form. He is the author of a dissertation entitled Naissance d’un néoclassicisme hollywoodien (2021) and of scholarly articles arising out of interdisciplinary research into cinema, art history, music, the history of video games and the history of new technologies. He is currently co-authoring a book on the filmmaker Jean-Marc Vallée with Thomas Carrier-Lafleur.
Thomas Carrier-Lafleur is a course instructor at Concordia University and at the Université de Montréal, where he holds the position of deputy director of the Laboratoire CinéMédias. His research addresses French and Quebec literature and Quebec cinema from an intermedial perspective which studies the process of transposing literary texts to the screen. He is the author of volumes such as Voir disparaître: une lecture du cinéma de Sébastien Pilote (L’Instant même, 2021); Projections croisées: dialogues sur la littérature, le cinéma et la création avec Andrée A. Michaud et Simon Dumas (Figura, 2021); Il s’est écarté: enquête sur la mort de François Paradis (Nota bene, 2019, with avec David Bélanger); and L’oeil cinématographique de Proust (Classiques Garnier, 2016). He is also co-director of Nouvelles Vues: revue sur les pratiques, les théories et l’histoire du cinéma au Québec.
Journal website: https://nouvellesvues.org/.
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1 Isabelle Daunais, Le roman sans aventure (Montréal: Les Éditions du Boréal, 2015), 7.
2 Christian Poirier, “Le ‘renouveau’ du cinéma québécois,” Cités 23, no. 3 (2005): 165-82.
3 Jean-Pierre Sirois-Trahan, “La mouvée et son dehors: renouveau du cinéma québécois,” Cahiers du cinéma, 660 (October 2010): 76.
4 Martin Bilodeau, Bruno Dequen, Philippe Gajan, Germain Lacasse, Sylvain Lavallée, Marie-Claude Loiselle and Jean-Pierre Sirois-Trahan, “Table ronde: le renouveau du cinéma d’auteur québécois,” 24 images 152 (2011): 14-22.
5 When the British filmmaker Andrea Arnold directed the episodes of the second season of Big Little Lies, this influence had nefarious consequences for her artistic freedom. The series’ producers did not hesitate to short-circuit Arnold’s style in post-production in order to imitate the aesthetic and editing that Vallée had developed for the first season, giving rise to a wave of discontent in the film community. The hashtag “#ReleaseTheArnoldCut” exposed the injustice, whether gendered or simply contrary to the principle of artistic freedom, which she experienced. On the topic of this controversy, see Aisha Victoria Deeb, “#ReleaseTheArnoldCut is trending after female Director of Big Little Lies was sidelined,” Mashable (15 July 2019), https://me.mashable.com/culture/6102/releasethearnoldcut-is-trending-after-female-director-of-big-little-lies-was-sidelined.
6 The “Cinéma québécois et États-Unis” (1997) special issue of the journal Cinémas, which took up the history of the connections between Quebec cinema and the United States, has already done the groundwork this question to a certain extent. See Louise Carrière, ed., “Cinéma québécois et États-Unis,” Cinémas 7, no. 3 (1997), https://www.erudit.org/fr/revues/cine/1997-v7-n3-cine1500366/ (consulted 25 October 2022).
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